jeudi 25 juillet 2013

Thèse en Biologie de la Conservation

Octobre 2013- octobre 2016

Sujet de la thèse
         Le hamster commun (Cricetus cricetus), ou Grand hamster, est une espèce emblématique d’Alsace, seule zone de présence française. Malgré son statut légal d’espèce protégée et les actions spécifiquement menées depuis 2000 en faveur de sa sauvegarde, sa population et son aire de répartition ne cessent de décliner. Les expérimentations visant à sa conservation, menées ces dernières années dans d’autres pays européens, couplées aux travaux de recherche nationaux, ont permis d’identifier un certain nombre de pratiques qui pourraient garantir à moyen terme le maintien de l’espèce en France.
Cette thèse est partie intégrante du projet ALISTER (programme Life+ Biodiversité financé par l’Union Européenne) qui vise à tester et à démontrer, dans plusieurs zones d’habitat, la pertinence, au niveau régional, d’actions préalablement identifiées comme potentiellement favorables au hamster.

            Cette thèse s’articule autour de deux objectifs :
1) Améliorer l’habitat du hamster, sur la base d’un recensement exhaustif de l’existant, en expérimentant les pratiques agricoles les plus prometteuses et leurs effets sur la biologie du Grand hamster. En effet, le modèle démographique de Leirs (2002) montre que seule une augmentation de son succès reproducteur permettra de stabiliser ses populations en Europe de l’Ouest de manière pérenne. Or, le succès reproducteur est conditionné par les apports alimentaires avant l’hibernation, mais aussi pendant la gestation et la lactation des femelles et la croissance des jeunes (Franceschini-Zink & Millesi, 2008).
2) Reconnecter les populations. Le morcellement de l’habitat du Grand hamster est lié à deux phénomènes différents : l’intensification d’une agriculture industrielle et la fragmentation inhérentes des zones favorables à sa survie (alimentation/prédation) ; l’urbanisation galopante et les infrastructures associées, augmentant plus encore le cloisonnement des populations. Afin de remédier à la forte densité d'infrastructures routières en Alsace, certaines d’entre elles ont été équipées de passages pour la faune sauvage, qui semblent être utilisés à la fois par les petits carnivores et par le Grand hamster. La fonctionnalité de ces passages peut être compromise s’il existe un risque renforcé de prédation au moment de leur traversée. L’objectif de ce travail est de mettre en place des dispositifs anti-prédation à l’intérieur de passages souterrains à petite faune  et de valider leur efficacité.
            Concrètement, cette thèse vise à expérimenter, en captivité ou semi-captivité (en s’affranchissant donc des problèmes de prédation qui dépendent souvent de la qualité du couvert végétal), quelles espèces végétales sont les plus favorables au Grand hamster en termes d’apports nutritionnels : 1/ au moment de la constitution des réserves pré-hivernales, et ce afin de lui permettre une hibernation optimale, la meilleure condition corporelle à l’émergence et un succès reproducteur optimal ; 2/ pendant la lactation des femelles, qui est une période particulièrement coûteuse en énergie ; 3/ pendant la croissance des jeunes qui requiert des apports nutritionnels spécifiques. L’objectif de cette étude est donc de déterminer quelles plantes permettraient au Grand hamster d’avoir une hibernation optimale et le meilleur succès reproducteur en fonction de la qualité des apports alimentaires disponible en milieu naturel, tout au cours de la réalisation du cycle reproductif. Le suivi de l’hibernation sera réalisé grâce à des enregistreurs de température intra-péritonéaux. Le taux de reproduction des femelles en fonction de leur condition corporelle sera évalué par des mesures du nombre de jeunes par portée, du nombre de portées par an, et par des dosages des hormones de reproduction et du soin parental. Enfin, un suivi de la croissance des jeunes sera réalisé.
            Le second volet de cette thèse consistera à évaluer l’efficacité des dispositifs anti-prédation lors du franchissement de passages à faune par les hamsters. Cette efficacité sera évaluée via un suivi vidéo très complet. A partir d’avril 2014, l'action consistera à lâcher des hamsters dans ces enclos (estimation à 25 individus/an) et à provoquer expérimentalement la rencontre avec différentes espèces de prédateurs (chat, renard, furet).

Profil souhaité :
Le candidat devra être titulaire d’un master 2 en Biologie et devra posséder les compétences suivantes :
. Connaissances théoriques en physiologie de l’hibernation et de la reproduction
. Connaissances solides en Ethologie et Ecologie.
. Des compétences en statistiques seront également appréciées.
. Intérêt pour la Biologie de la Conservation
. Pas d’appréhension vis à vis de la manipulation de Rongeurs (y compris prélèvements sanguins, anesthésie, chirurgie)
. Bonne pratique des techniques de laboratoire
. L’étudiant(e) devra également présenter les qualités requises à l’étude du comportement animal (patience, rigueur, temps passé à l’extérieur)
. Un temps non négligeable sera dévolu à l’analyse vidéo
. Un sens aigu des réalités pratiques (bricolage, utilisation du matériel vidéo, …) serait un plus.

Cette thèse sera co-dirigée par Caroline Habold et Yves Handrich en collaboration avec Odile Petit, Département d’Écologie, Physiologie et Éthologie de l’Institut Pluridisciplinaire Hubert Curien, UMR 7178 CNRS - Université de Strasbourg.
 Pour postuler, merci d’adresser un CV détaillé et une lettre de motivation avant le 16 août aux 3 adresses suivantes : caroline.habold@iphc.cnrs.fr ; yves-jean.handrich@iphc.cnrs.fr ; odile.petit@iphc.cnrs.fr