Octobre 2013- octobre 2016
Sujet de la thèse
Le hamster commun (Cricetus cricetus), ou Grand hamster, est une espèce emblématique
d’Alsace, seule zone de présence française. Malgré son statut légal d’espèce
protégée et les actions spécifiquement menées depuis 2000 en faveur de sa
sauvegarde, sa population et son aire de répartition ne cessent de décliner.
Les expérimentations visant à sa conservation, menées ces dernières années dans
d’autres pays européens, couplées aux travaux de recherche nationaux, ont
permis d’identifier un certain nombre de pratiques qui pourraient garantir à
moyen terme le maintien de l’espèce en France.
Cette thèse
est partie intégrante du projet ALISTER (programme Life+ Biodiversité financé
par l’Union Européenne) qui vise à tester et à démontrer, dans plusieurs zones
d’habitat, la pertinence, au niveau régional, d’actions préalablement
identifiées comme potentiellement favorables au hamster.
Cette thèse
s’articule autour de deux objectifs :
1)
Améliorer l’habitat du hamster, sur la base d’un recensement exhaustif de
l’existant, en expérimentant les pratiques agricoles les plus prometteuses et
leurs effets sur la biologie du Grand hamster. En effet, le modèle démographique de Leirs (2002) montre que seule une
augmentation de son succès reproducteur permettra de stabiliser ses populations
en Europe de l’Ouest de manière pérenne. Or, le succès reproducteur est
conditionné par les apports alimentaires avant l’hibernation, mais aussi
pendant la gestation et la lactation des femelles et la croissance des jeunes
(Franceschini-Zink
& Millesi, 2008).
2)
Reconnecter les populations. Le
morcellement de l’habitat du Grand hamster est lié à deux phénomènes
différents : l’intensification d’une agriculture industrielle et la
fragmentation inhérentes des zones favorables à sa survie
(alimentation/prédation) ; l’urbanisation galopante et les infrastructures
associées, augmentant plus encore le cloisonnement des populations. Afin de
remédier à la forte densité d'infrastructures routières en Alsace, certaines d’entre
elles ont été équipées de passages pour la faune sauvage, qui semblent être utilisés
à la fois par les petits carnivores et par le Grand hamster. La fonctionnalité
de ces passages peut être compromise s’il existe un risque renforcé de
prédation au moment de leur traversée. L’objectif de ce travail est de mettre en
place des dispositifs anti-prédation à l’intérieur de passages souterrains à petite
faune et de valider leur efficacité.
Concrètement, cette thèse vise à
expérimenter, en captivité ou semi-captivité (en s’affranchissant donc des
problèmes de prédation qui dépendent souvent de la qualité du couvert végétal),
quelles espèces végétales sont les plus favorables au Grand hamster en termes
d’apports nutritionnels : 1/ au moment de la constitution des réserves
pré-hivernales, et ce afin de lui permettre une hibernation optimale, la
meilleure condition corporelle à l’émergence et un succès reproducteur optimal ;
2/ pendant la lactation des femelles, qui est une période particulièrement
coûteuse en énergie ; 3/ pendant la croissance des jeunes qui requiert des
apports nutritionnels spécifiques. L’objectif de cette étude est donc de déterminer quelles plantes
permettraient au Grand hamster d’avoir une hibernation optimale et le meilleur
succès reproducteur en fonction de la qualité des apports alimentaires disponible
en milieu naturel, tout au cours de la réalisation du cycle reproductif. Le
suivi de l’hibernation sera réalisé grâce à des enregistreurs de température
intra-péritonéaux. Le taux de
reproduction des femelles
en fonction de leur condition corporelle sera évalué par des mesures du nombre
de jeunes par portée, du nombre de portées par an, et par des dosages des
hormones de reproduction et du soin parental. Enfin, un suivi de la croissance des jeunes sera
réalisé.
Le second volet de cette thèse
consistera à évaluer l’efficacité des dispositifs anti-prédation lors du
franchissement de passages à faune par les hamsters. Cette efficacité sera
évaluée via un suivi vidéo très complet. A partir d’avril 2014, l'action consistera
à lâcher des hamsters dans ces enclos (estimation à 25 individus/an) et à
provoquer expérimentalement la rencontre avec différentes espèces de prédateurs
(chat, renard, furet).
Profil
souhaité :
Le candidat devra être titulaire d’un master 2 en Biologie et
devra posséder les compétences suivantes :
.
Connaissances théoriques en physiologie de l’hibernation et de la reproduction
.
Connaissances solides en Ethologie et Ecologie.
.
Des compétences en statistiques seront également appréciées.
.
Intérêt pour la Biologie de la Conservation
. Pas d’appréhension vis à vis de la
manipulation de Rongeurs (y compris prélèvements sanguins, anesthésie,
chirurgie)
.
Bonne pratique des techniques de laboratoire
.
L’étudiant(e) devra également présenter les qualités requises à l’étude du
comportement animal (patience, rigueur, temps passé à l’extérieur)
.
Un temps non négligeable sera dévolu à l’analyse vidéo
.
Un sens aigu des réalités pratiques (bricolage, utilisation du matériel vidéo,
…) serait un plus.
Cette thèse sera co-dirigée par Caroline Habold et Yves Handrich
en collaboration avec Odile Petit, Département d’Écologie, Physiologie et
Éthologie de l’Institut Pluridisciplinaire Hubert Curien, UMR 7178 CNRS - Université
de Strasbourg.
Pour postuler, merci
d’adresser un CV détaillé et une lettre de motivation avant le 16 août aux 3
adresses suivantes : caroline.habold@iphc.cnrs.fr ; yves-jean.handrich@iphc.cnrs.fr ; odile.petit@iphc.cnrs.fr