mardi 22 janvier 2019

Comportement de défense et personnalité des abeilles domestiques, Apis mellifera, en réponse à la pression de prédation exercée par le frelon asiatique à pattes jaunes, Vespa velutina

Introduits depuis une quinzaine d’année maintenant, le frelon asiatique à pattes jaunes, Vespa velutina,  ne  cesse  d’étendre  son  aire  de  distribution  en  Europe. Ce  prédateur  invasif  est notamment  connu  pour exercer  une  pression  de  prédation  importante  sur  les  colonies d’abeilles domestiques, Apis mellifera. Dans les zones de fortes densités de frelons, jusqu’à une  vingtaine  d’individus  chassent  à  l’entrée  des  ruches  d’abeilles.  Alors  que  son comportement de chasse commence à être bien connu, certains points restent en suspens quant au choix des proies et des ruches. En effet, la distribution des chasseuses sur les ruchers n’est pas homogène et ne semble pas corrélée à la force des colonies. Notre hypothèse est que  cette  distribution  des  prédateurs  est  liée  au comportement  des  colonies  d’abeilles, certaines  étant  probablement  plus  efficace  dans  leur  défense.  Les  colonies  d’abeilles  se comportant  comme  un  superorganisme,  leurs  traits  de  personnalité  sont  particulièrement variables entre colonies. Des traits liés à la défense (témérité, activité, agressivité) sont donc intéressants à quantifier tout comme la capacité des colonies à recruter des défenseuses en cas  d’attaque ainsi  que  le  compromis  défense  de  la  colonie  et  capacité  à  maintenir l’approvisionnement général de la ruche tout au long de la période de prédation du frelon (de juillet à fin novembre).
L’intérêt  de  ces  travaux  se  situe  à  plusieurs  niveaux.  Ils  permettront  de  mieux comprendre la façon dont les frelons ajustent leur comportement de prédation à des proies plus  ou  moins  défensives,  ce  qui  d’un  point  de  vue  fondamental  ouvre  également  des perspectives  d’ordre  cognitif  chez  un  groupe  taxonomique  faiblement  étudié  dans  ce domaine.  D’un  point  de  vue  appliqué,  identifier  l’origine  de  la  disparité  de  pression  de prédation est un moyen de trouver les leviers permettant potentiellement de réduire l’impact de  cette  invasion  biologique  sur  une  filière  déjà  particulièrement  touchée  par  d’autres problèmes (pesticides, maladies, etc.). En effet, les comportements de défense des abeilles ont  une  base  génétique  ce  qui  signifie  des  lignées  différentes  peuvent  avoir un  niveau  de défense différent. Nous espérons que ces travaux puissent fournir des données permettant d’envisager  d’orienter la sélection du cheptel apicole, une des voies possibles pour limiter l’impact de ce prédateur invasif.
Le(la) post-doc sera intégré(e) dans le projet Européen Arc Atlantique ’Positive’.
Profil recherché:
Nous recherchons un(e) jeune chercheur titulaire d’un doctorat en biologie/écologie orienté vers  l’écologie  comportementale, maitrisant  bien  les  analyses  statistiques  notamment  les modèles  à  effets  mixtes.  Une  expérience  avec  les  insectes  sociaux  (de  préférence abeilles/guêpes/frelons) est souhaitable. La personne recrutée étant amenée à travailler en interaction avec les apiculteurs, elle devra également être sociable. Des déplacements dans le sud-ouest de la France sont prévus, le permis B est donc obligatoire (depuis plus de 2 ans).
Le post doc sera basé au centre INRA Bordeaux situé à Villenave d’Ornon dans l’UMR.
La supervision sera réalisée par Denis Thiéry (DR INRA, UMR 1065 SAVE, Villenave d’Ornon) et Karine Monceau (MC Université de La Rochelle, UMR 7372 CEBC, Villiers-en-Bois). 
Le(a)  candidat(e)  devra  avoir  une  pratique  courante  du  français  et  de  l’anglais.  La personne recrutée aura montré sa capacité à publier dans des journaux scientifiques à comité de lecture (au moins deux articles). Les candidats ayant effectué plus de cinq ans de contrat post-doctoral ne seront pas admis.
Date butoir de candidature: jeudi 21 février ; Entretien : 1ère semaine de mars
Durée du contrat post doctoral et salaire prévu.
Le contrat durera 16 mois pour une date de recrutement prévue en mai 2019 (employeur INRA). Le niveau de salaire dépend du niveau de qualification post doctoral. Il est entre 2300 à 2512 € brut/mois.
Envoi de candidatures aux encadrants : denis.thiery@inra.fr ; karine.monceau@univ-lr.fr
https://www.researchgate.net/profile/Denis_Thiery
http://www.kmonceau.fr
Éléments à fournir : CV (production scientifique), Lettre de motivation, coordonnées de deux référents.
Littérature :
Arca, M., Papachristoforou, A., Mougel, F., Rortais, A., Monceau, K., Bonnard, O., Tardy, P., Thiéry, D., Silvain, J.-F. & Arnold, G. 2014. Defensive behaviour of Apis mellifera against Vespa velutina in France: testing whether European  honeybees  can  develop  an  effective  collective  defence  against  a  new  predator. Behavioural Processes, 106, 122-129.
Breed, M.D. & Rogers, K.B. 1991. The behavioral genetics of colony defense in honeybees: genetic variability for guarding behaviour. Behavior Genetics, 21, 295–303.
Breed, M.D., Guzmán-Novoa, E. & Hunt, G.J. 2004. Defensive behaviour of honey bees: organization, genetics, and comparisons with other bees. Annual Review of Entomology, 49, 271–298.
Kastberger, G., Thenius G., Stabentheiner, A. & Hepburn, R. 2009. Aggressive and docile colony defence patterns in Apis mellifera. A retreater–releaser concept. Journal of Insect Behavior, 22, 65–85.
Monceau, K., Arca, M., Leprêtre, L., Bonnard, O., Arnold, G. & Thiéry D. 2018. How Apis mellifera behaves with its invasive hornet predator Vespa velutina? Journal of Insect Behavior, 31, 1-11.
Monceau, K., Arca, M., Leprêtre, L., Mougel, F., Bonnard, O., Silvain, J.-F., Maher, N., Arnold, G. & Thiéry, D. 2013.
Native  prey  and  invasive  predator  patterns  of  foraging  activity:  the  case  of  the  yellow-legged  hornet predation at European honeybee hives. PLoS ONE, 8, e66492.
Monceau,  K.,  Bonnard,  O.  &  Thiéry,  D.  2014. Vespa  velutina:  a  new  invasive  predator  of  honeybees  in Europe. Journal of Pest Science, 87, 1-16.
Monceau, K., Bonnard, O., Moreau, J. & Thiéry, D. 2014. Spatial distribution of Vespa velutina individuals hunting at domestic honeybee hives: heterogeneity at a local scale. Insect Science, 21, 765–774.
Monceau, K., Maher, N., Bonnard, O. & Thiéry, D. 2013. Predation dynamics study of the recently introduced honeybee killer Vespa velutina: learning from the enemy. Apidologie, 44, 209-221.
Wray, M.K., Mattila, H.R., Seeley, T.D. 2011. Collective personalities in honeybee colonies are linked to colony fitness. Animal Behaviour, 81, 559–568.