lundi 1 octobre 2018

Proposition de stage de Master 2

Titre :
Ça va faire du bruit ! Comparaison de la sensibilité à la pollution sonore entre un poisson exotique et son compétiteur natif
 
Mots-clés :
Bioacoustique, comportement, invasions biologiques, approche expérimentale, poissons 

Résumé :
Altération  de  la  qualité  physico-chimique  de  l’eau,  modification  des  régimes  hydriques  ou  encore destruction des habitats, les atteintes portées aux écosystèmes d’eau douce sont multiples. Les bruits anthropogéniques associés au commerce fluvial et au loisirs nautiques constituent un autre stresseur environnemental dont la prise en compte n’est que très récente dans les eaux douces (Bolgan et al. 2016). Les effets sur les organismes aquatiques et notamment les poissons sont très variés, pouvant aller de simples ajustements comportementaux jusqu’à une diminution du succès reproducteur ou de la  survie (Popper &  Hastings  2009 ;  Kight  &  Swaddle 2011 ;  Cox  et  al.  2018). Si  les  réponses individuelles  sont  bien  documentées,  les  conséquences  de  la  pollution  sonore  à  l’échelle  des communautés et sur le fonctionnement des écosystèmes sont encore méconnues.
Les communautés  biologiques  des écosystèmes  d’eau  douce  hébergent des  espèces présentes  depuis  l’Holocène,  dites  natives, et des  espèces qualifiées  d’exotiques  qui  sont  arrivées plus  tardivement, souvent aidées  par  les  activités  humaines. Certaines espèces  exotiques peuvent présenter un caractère proliférant et sont qualifiées d’espèces exotiques envahissantes, ou espèces invasives. Les invasions biologiques sont aujourd’hui reconnues comme la deuxième cause du déclin accéléré de la biodiversité, après la fragmentation et la destruction des habitats. Une hypothèse pour expliquer  le  succès  des  espèces  invasives  serait  leur  grande  tolérance  aux  facteurs environnementaux (Zerebecki  &  Sorte  2011),  qui  pourrait  également  augmenter  leur  compétitivité comparativement  aux  espèces  natives. Cette  hypothèse  n’a  jamais  été  testée  en  rapport  avec  la pollution sonore.
L’objectif  du  stage  est  de  comparer  la  réponse  au  stress  acoustique  d’un  poisson  exotique envahissant  et  de  son  analogue  natif.  Plus  particulièrement,  nous  caractériserons  leur  réponse fonctionnelle, qui correspond à la relation entre le taux de prédation et la densité en proies (Holling 1959),  et  mesurerons  une  batterie  de  comportements  associés à différents contextes sociaux dans deux  environnements  sonores  (bruits  d’activité  nautique  ajouté  à  du  bruit  de  fond  ou  bruit  de  fond uniquement). Le choix des modèles biologiques n’est pas encore arrêté mais les espèces exotiques pourraient  être  le  gobie  à  tache  noire  (Neogobius  melanostomus)  ou  la  perche  soleil  (Lepomis gibbosus),  qui  ont  comme  analogues  natifs  le  chabot  (Cottus  gobio)  et  la  perche  commune  (Perca fluviatilis), respectivement.

Encadrement / Contact :
Vincent Médoc, Laboratoire ENES, Université Jean – Monnet
vincent.medoc@univ-st-etienne.fr
Marilyn Beauchaud, Laboratoire ENES, Université Jean – Monnet
beauchaud@univ-st-etienne.fr

Bibliographie :
Bolgan, M., Chorazyczewska, E., Winfield, I. J., Codarin, A., O'Brien, J., & Gammell, M. (2016). First observations of anthropogenic underwater noise in a large multi-use lake. Journal of Limnology, 75, 644-651.
Cox, K., Brennan, L. P., Gerwing, T. G., Dudas, S. E., & Juanes, F. (2018). Sound the alarm: A metaanalysis on the effect of aquatic noise on fish behavior and physiology. Global change biology, 24, 3105-3116.
Holling, C. S. (1959). Some characteristics of simple types of predation and parasitism. The Canadian
Entomologist, 91, 385–398.
Kight, C. R., & Swaddle, J. P. (2011). How and why environmental noise impacts animals: An integrative, mechanistic review. Ecology Letters, 14, 1052–1061.

Popper, A. N., & Hastings, M. C. (2009). The effects of anthropogenic sources of sound on fishes. Journal of Fish Biology, 75, 455–489.

Zerebecki, R. A., & Sorte, C. J. (2011). Temperature tolerance and stress proteins as mechanisms of invasive species success. PLOS one, 6, e14806.