mercredi 21 août 2019

offre de stage M2 laboratoire ENES

Etude multi-échelles des effets directs et indirects de la pollution sonore associée aux activités nautiques sur la diversité planctonique des socio-écosystèmes lacustres
 
Equipe d’accueil
Equipe de Neuro Ethologie Sensorielle (ENES) basée Saint-Etienne
https://sensoryneuroetholo.wixsite.com/enes
 
Encadrement
Vincent Médoc,
Maître de Conférences en Biologie des Populations et Ecologie à l’Université de Lyon / Saint-Etienne
 
Lieux du stage
- Laboratoire ENES à Saint-Etienne
- Plateforme expérimentale PLANAQUA à Saint-Pierre-lès-Nemours (Seine et Marne)
http://www.cereep.ens.fr/spip.php?article45
 
Contexte
Rares sont les paysages sonores naturels qui sont exempts de sons associés aux activités humaines.  Ces sons anthropogéniques sont aujourd’hui reconnus comme une source de pollution avec des effets
sur  l’anatomie,  la  physiologie  ou  plus  souvent  le  comportement  des  organismes  exposés,  pouvant induire  une  diminution  de  leur  valeur  sélective.  Cependant,  si  les  réponses  individuelles  sont  bien décrites, les effets sur la biodiversité et le fonctionnement des écosystèmes sont encore inconnus.
Aussi, les écosystèmes sont inégalement documentés et comparativement aux milieux terrestres et marins, la pollution sonore dans les milieux d’eau douce n’est que très peu étudiée et ne fait encore l’objet  d’aucune  législation.  Compte  tenu  des  services  écosystémiques  qu’ils  fournissent,  les  eaux douces subissent une forte pression anthropique comme en témoigne l’utilisation grandissante des lacs pour les loisirs nautiques.

Objectif et hypothèse
L’objectif est d’étudier les effets directs via les altérations comportementales, et indirects via le forçage top-down exercé par le peuplement piscicole, de la pollution sonore sur la dynamique du plancton des socio-écosystèmes lacustres. Les invertébrés sont largement ignorés des études d’impact alors qu’ils représentent  un  compartiment  fondamental  des  réseaux  trophiques.  De  plus,  ils  perçoivent  les mouvements de particules, ce qui les rend potentiellement sensibles à la pollution sonore. Concernant les poissons, nous avons récemment démontré que le taux d’attaque du vairon était diminué par les bruits de bateaux, interprétés comme un risque de prédation.  A  l’échelle  du  réseau  trophique,  une réduction du forçage top-down sur le zooplancton pourrait s’accompagner d’un plus fort contrôle du phytoplancton, qui n’est a priori pas directement impacté par le bruit. Il s’agit donc de tester l’hypothèse selon laquelle la pollution sonore diminuerait l’intensité de la cascade trophique induite par les poissons planctonophages, réduisant ainsi la production primaire, et altèrerait la diversité planctonique.

Méthodologie
Nous réaliserons des expériences de playback multi-échelles sur la plateforme nationale PLANAQUA (ANR EQUIPEX) hébergée par le CEREEP Ecotron Ile-de-France (Saint-Pierre les Nemours, Seine-etMarne) où nous avons déjà réalisé une expérience pilote en octobre 2018. En mésocosmes, nous suivrons les dynamiques de communautés à 2 (phyto et zooplancton) et 3 niveaux trophiques (ajout de gardons). Après obtention d’une cascade trophique dans les réplicats (n = 4) à 3 niveaux trophiques, nous soumettrons les communautés à du bruit ambiant ou à du bruit ambiant supplémenté de bruits de bateaux mimant une activité nautique journalière. La durée totale de l’expérience est estimée à 3 mois (environ 1 mois pour l’observation d’une cascade trophique puis 2 mois d’exposition au bruit) durant lesquels nous suivrons les paramètres physico-chimiques de l’eau (sonde multi paramètres et dosage des  principaux  nutriments)  et  la  diversité  planctonique  (bouteille  à  prélèvement,  sonde  BBE  et benthotorche) tous les 4 jours. La biomasse en poissons (6 individus par mésocosme) sera mesurée en début et fin d’expérience. En microcosmes et sur une échelle temporelle courte (quelques heures), nous étudierons les réponses comportementales (mobilité, distribution spatiale) des poissons et des principales  familles  de  zooplancton  au  bruit  afin  d’identifier  les  mécanismes  proximaux  des changements observés à l’échelle des communautés. 

Déroulement
Le stage de 6 mois se déroulera de Février à Juillet et débutera par une étude bibliographique sur les effets du bruit et les concepts mobilisés afin que l’étudiant(e) sache mettre en contexte son sujet. Mars sera consacré à l’acoustique avec une formation aux notions de base, la calibration des sons à l’intérieur des micro- et mésocosmes et la construction des pistes audio mimant une activité nautique journalière. En Avril, les mésocosmes seront mis en eau, ensemencés puis empoissonnés afin de débuter le suivi des dynamiques. Les organismes seront collectés dans les lacs de la plateforme. Après obtention d’une cascade trophique au bout de 3 à 4 semaines, nous débuterons les playbacks pour une durée de 2 mois (Mai et Juin). Juillet sera consacré à la finalisation des analyses et à la valorisation des résultats. D’Avril  à  Juin,  les  journées  non  dédiées  aux  échantillonnages  seront  consacrées  aux  analyses (nutriments, diversité planctonique) et aux tests comportementaux en microcosmes.

Références
Hanache,  P.,  Spataro,  T.,  Firmat,  C.,  Boyer,  N.,  Fonseca,  P.,  &  Médoc,  V. (2019). Noise-induced reduction in the attack rate of a planktivorous freshwater fish revealed by functional response analysis. Freshwater Biology. https://doi.org/10.1111/fwb.13271
Hulot,  F.  D.,  Lacroix,  G.,  Lescher-Moutoué,  F.,  &  Loreau,  M.  (2000). Functional  diversity  governs ecosystem response to nutrient enrichment. Nature, 405(6784), 340.
Médoc,  V.,  Firmat,  C.,  Sheath,  D.  J.,  Pegg,  J.,  Andreou,  D.,  &  Britton,  J.  R.  (2017).  Parasites  and biological invasions: predicting ecological alterations at levels from individual hosts to whole networks. In Advances in Ecological Research 57: 1-54.

Compétences
Le projet se destine aux étudiant(e)s ayant une solide formation en biologie des populations et écologie, éventuellement  centrée  sur  les  hydrosystèmes,  et  en  statistiques.  Une  expérience  en  écologie comportementale et/ou en bioacoustique sera un avantage sans être nécessaire. L'étudiant(e) devra faire preuve d'autonomie et d’initiative et avoir les qualités humaines pour travailler au sein de la station biologique.  En  plus  d’une  solide  expérience  en  gestion  de  projet  et  démarche  expérimentale, l’étudiant(e)  sera  formé(e)  aux  bases  de  l’acoustique,  à  différentes  techniques  d’échantillonnage,  à l’identification du plancton, et sensibilisé aux enjeux qui pèsent sur les socio-écosystèmes. Le stage renforcera ses compétences en statistiques et en rédaction.

Plus de renseignements : vincent.medoc@univ-st-etienne.fr

Financement
Les gratifications sont financées par la Fondation pour la Recherche sur la Biodiversité.

Candidature
1: Envoyer CV et LM à l’adresse suivante :
vincent.medoc@univ-st-etienne.fr
2 : Entretien avec l’équipe encadrante (au laboratoire ou visioconférence)