Impact de l’évolution des surfaces cultivées et du réchauffement climatique sur les populations d’insectes ravageurs des cultures de protéagineux dans le Grand Ouest
Contexte
L’autonomie protéique est un enjeu fort des filières d’élevage (porcin, bovin) du grand Ouest pour leur durabilité et leur compétitivité. Les cultures de protéagineux grains (pois, lupin, féverole) destinées à l’alimentation animale constituent des alternatives durables, sur le plan environnemental et économique, aux importations de soja et participe notamment à la limitation de la déforestation dans les régions productrices de soja, et à la réduction de l’utilisation d’intrants dans les exploitations françaises. En effet ces cultures peuvent présenter un intérêt pour réduire la fertilisation via la fixation de l’azote atmosphérique aux cultures suivantes insérées dans une rotation, et d’autre part, elles hébergent une biodiversité fonctionnelle importante pouvant participer au contrôle naturel des ravageurs. Ces cultures souffrent cependant de rendements variables selon les années, dus en grande partie à un manque de maîtrise des facteurs biotiques, tels que les ravageurs, maladies et mauvaises herbes. Les régions Bretagne et Pays de la Loire sont engagées dans un programme visant à sécuriser les rendements de ces cultures pour permettre leur développement, le projet Sécuriprot (2014-2019). L’institut de Génétique, Environnement et Protection des Plantes (UMR INRA-Université de Rennes 1 – Agrocampus Ouest) est fortement impliqué dans ce projet et notamment l’équipe Ecologie et Génétique des Insectes qui coordonne le volet s’intéressant au diagnostic, à la compréhension et à l’expérimentation de solutions agroécologiques pour gérer les insectes ravageurs. Dans ce cadre, une démarche prospective est nécessaire pour prédire l’évolution de la pression en ravageurs dans les prochaines décennies et ainsi participer aux choix stratégiques concernant les espèces prioritaires et les méthodes de contrôle à privilégier au sein du projet.
La dynamique des populations d’insectes ravageurs dépend fortement des conditions climatiques annuelles, et des ressources disponibles dans l’environnement. Le réchauffement climatique peut ainsi entrainer une modification de l’aire de répartition d’une espèce, un avancement de la date de colonisation des parcelles, une meilleure survie hivernale ou une augmentation du nombre de générations par an, et par conséquent avoir un impact sur la pression de dégâts exercée par le ravageur sur les cultures dans une région donnée (Olfert et al., 2012). D’autre part, selon l’hypothèse de concentration de ressource (Root, 1973), une augmentation des surfaces cultivées en fabacées protéagineuses peut s’accompagner d’une augmentation de la densité en ravageurs, mais qui affectera de façon différente les espèces selon leurs degrés de spécialisation respectifs. L’évolution des pratiques et des modes de cultures sur ces parcelles (limitation des produits phytosanitaires, surface relative en Agriculture Biologique) peut également avoir un impact.
Objectif du stage
Le stage proposé s’inscrit dans le cadre du projet inter régional Bretagne – Pays de la Loire Sécuriprot. Il vise à dégager des tendances fortes d’évolution future des dynamiques de population de ravageurs des cultures de protéagineux dans le Grand Ouest dans un contexte de changement climatique et d’augmentation des surfaces. Cette étude sera basée sur l’analyse de données historiques de captures d’insectes réalisées par le réseau Agraphid depuis plus de 30 ans, de données climatiques et d’évolution des surfaces cultivées sur cette même période. Des préconisations concernant les méthodes de suivi, les espèces à cibler et les méthodes de contrôle devront être dégagées. Les insectes ravageurs considérés seront le puceron vert du pois Acyrthosiphon pisum, spécialiste des fabacées, et le puceron noir de la fève Aphis fabae, plus généraliste. Selon les données disponibles, la sitone du pois Sitonia lineatus ou d’autres ravageurs des cultures de protéagineux pourront aussi être intégrés à l’étude.
Les missions du stagiaire:
Effectuer une synthèse bibliographique sur le sujet
Centraliser, harmoniser et mettre en forme les données récoltées par les partenaires du projet
Choisir et créer des indicateurs pertinents pour décrire l’évolution climatique, l’évolution des surfaces et des dynamiques de population d’insectes ravageurs
Analyser les données pour établir des corrélations entre les indicateurs
Interpréter les évolutions passées et en tirer des projections pour le futur
Participer à la définition d’un protocole de suivi des principaux insectes ravageurs des cultures de protéagineux. Des tests en parcelles expérimentales de différents protocoles et dispositifs de piégeage seront réalisés par d’autres personnes impliquées dans le projet. Une participation ponctuelle aux relevés de terrain pourra être nécessaire.
Rédiger un rapport de stage
Profil souhaité
M2 cursus universitaire ou ingénieur/e en biologie ou agronomie avec de solides bases en écologie et dynamique des populations
Compétences et intérêt fort pour l’analyse des données et les statistiques
Connaissances en entomologie
Permis de conduire souhaité
Conditions de travail
Stage co-encadré par Bruno Jaloux (IGEPP, Agrocampus Ouest Angers) et Maurice Hullé (IGEPP, INRA Le Rheu)
Stage de 6 mois, période à déterminer entre février et septembre 2015
Stage basé à Agrocampus Ouest, Centre d’Angers (49) avec séjours fréquents au Rheu (35)
Indemnités : 436,05 € net par mois
Merci d’envoyer un CV et une lettre de motivation à Bruno Jaloux bruno.jaloux@agrocampus-ouest.fr et à Maurice Hullé maurice.hulle@rennes.inra.fr avant le 15 décembre 2014