L’approvisionnement des jeunes au cours du développement est une
étape critique du cycle de vie chez la plupart des espèces. Un
investissement parental fort pendant cette période est généralement
bénéfique pour les enfants mais potentiellement coûteux pour les parents
et des conflits d’intérêt entre les parents et les descendants sont
donc susceptibles d’avoir lieu dès lors que les ressources sont
limitantes. Ces « conflits parents-descendants » sont à la base de
nombreuses théories en écologie évolutive permettant de définir le
niveau optimal de l’effort parental, par exemple. Si les conflits
d’allocation des ressources nutritives, en terme d’énergie ou de temps,
ont été largement décrits au regard des soins parentaux après la
naissance, les conflits entre la mère et les embryons pour l’allocation
de l’eau restent encore sous-évalués (Dupoué et al. 2015). Ce stage
s’inscrit dans ce contexte et aura pour but de déterminer les mécanismes
physiologiques sous-tendant les conflits entre parents et enfants au
cours d’une période de restriction d’eau pendant la gestation.
Afin de tester l’hypothèse selon laquelle l’eau est une ressource
conflictuelle entre la mère et les embryons, les variations de l’état
d’hydratation seront étudiées chez le lézard vivipare, une espèce dont
la dynamique des populations est très sensible aux fluctuations de la
ressource en eau (Le Galliard et al. 2015). Pour ce faire, nous avons
expérimentalement restreint en eau des lézards pendant deux semaines
(groupe restreint) au cours de la période de gestation des femelles en
2016. Les variations de l’osmolalité plasmatique, le meilleur indicateur
de l’état d’hydratation chez les vertébrés sans glande à sel, seront
comparées à celles d’individus sans restriction d’eau (groupe témoin) et
à celles d’autres classes d’âge et de sexe non reproducteurs.
L’étudiant(e) disposera d’échantillons de plasma à partir desquels
il/elle devra mesurer l’osmolalité plasmatique à l’aide d’un osmomètre à
tension de vapeur. Il disposera aussi de données sur d’autres
indicateurs du stress physiologique (Dupoué et al. 2016), récoltés sur
les mêmes échantillons. Une étude similaire ayant été menée en 2015,
l’étudiant(e) pourra ainsi tester le contexte-dépendance du conflit
mère-embryons.
Afin de mettre en relation les réponses physiologiques avec les
performances démographiques des mères et des enfants, l’étudiant(e)
récoltera au printemps 2016 des données de croissance et de survie
qu’il(elle) analysera. Des données comportementales complémentaires
pourront alors être mesurées afin de quantifier le trade-off entre
comportement de thermorégulation et hydrorégulation chez les jeunes