lundi 21 novembre 2016

Approche mécanistique des effets maternels et des conflits parents-enfants en relation avec l’allocation de la ressource hydrique

L’approvisionnement des jeunes au cours du développement est une étape critique du cycle de vie chez la plupart des espèces. Un investissement parental fort pendant cette période est généralement bénéfique pour les enfants mais potentiellement coûteux pour les parents et des conflits d’intérêt entre les parents et les descendants sont donc susceptibles d’avoir lieu dès lors que les ressources sont limitantes. Ces « conflits parents-descendants » sont à la base de nombreuses théories en écologie évolutive permettant de définir le niveau optimal de l’effort parental, par exemple. Si les conflits d’allocation des ressources nutritives, en terme d’énergie ou de temps, ont été largement décrits au regard des soins parentaux après la naissance, les conflits entre la mère et les embryons pour l’allocation de l’eau restent encore sous-évalués (Dupoué et al. 2015). Ce stage s’inscrit dans ce contexte et aura pour but de déterminer les mécanismes physiologiques sous-tendant les conflits entre parents et enfants au cours d’une période de restriction d’eau pendant la gestation.
Afin de tester l’hypothèse selon laquelle l’eau est une ressource conflictuelle entre la mère et les embryons, les variations de l’état d’hydratation seront étudiées chez le lézard vivipare, une espèce dont la dynamique des populations est très sensible aux fluctuations de la ressource en eau (Le Galliard et al. 2015). Pour ce faire, nous avons expérimentalement restreint en eau des lézards pendant deux semaines (groupe restreint) au cours de la période de gestation des femelles en 2016. Les variations de l’osmolalité plasmatique, le meilleur indicateur de l’état d’hydratation chez les vertébrés sans glande à sel, seront comparées à celles d’individus sans restriction d’eau (groupe témoin) et à celles d’autres classes d’âge et de sexe non reproducteurs. L’étudiant(e) disposera d’échantillons de plasma à partir desquels il/elle devra mesurer l’osmolalité plasmatique à l’aide d’un osmomètre à tension de vapeur. Il disposera aussi de données sur d’autres indicateurs du stress physiologique (Dupoué et al. 2016), récoltés sur les mêmes échantillons. Une étude similaire ayant été menée en 2015, l’étudiant(e) pourra ainsi tester le contexte-dépendance du conflit mère-embryons.
Afin de mettre en relation les réponses physiologiques avec les performances démographiques des mères et des enfants, l’étudiant(e) récoltera au printemps 2016 des données de croissance et de survie qu’il(elle) analysera. Des données comportementales complémentaires pourront alors être mesurées afin de quantifier le trade-off entre comportement de thermorégulation et hydrorégulation chez les jeunes