lundi 27 août 2018

Offre de Thèse

Rôle Écologique des Bassins d’Orage Routiers
Durée : 3 ans (à partir de fin 2018)
Encadrants : Dr. Yves HANDRICH (CNRS) et Dr. Jonathan JUMEAU (CD67)
Profil souhaité : Connaissances naturalistes en herpétologie/entomologie aquatique, anglais
Laboratoire d’accueil : IPHC (Département d’Écologie, Physiologie et Éthologie), Strasbourg
Contacts : jonathan.jumeau@bas-rhin.fr et yves-jean.handrich@iphc.cnrs.fr
Contexte
Les  bassins  d’orages  routiers  sont  les  bassins  de rétention  ou  de  détention  présents  le  long  des  linéaires.  Ils servent à recueillir les eaux de ruissellement de la chaussée afin  d’éviter  une  pollution  accidentelle  ou  chronique  de l’environnement par les polluants  présents sur la chaussée et émis  par le trafic.  Malgré la pollution logiquement présente dans  les  eaux  de  ces  bassins,  ceux-ci  sont  colonisés  par diverses  espèces,  dont  les  amphibiens  et  l’entomofaune.  Il  est  aujourd’hui  demandé  d’éviter  ce phénomène  de  colonisation  des  bassins  par  la faune  car  les  polluants  pourraient  avoir  des  effets néfastes  sur  le  développement  des  individus.  Pour  cela,  des  mesures  de  cloisonnement  sont installées  autour  des  bassins  d’orage.  Malgré  tout,  même  dans  les  bassins  les  mieux  équipés,  on peut  constater  une  certaine  biodiversité,  ce  qui  pose  la  question  de  l’efficacité  des  mesures  de cloisonnement. Cette question a été tranchée lors d’une précédente thèse menée dans l’équipe : les  mesures  actuelles  de  cloisonnement  sont  inefficaces.  Que  faire-alors ?  Inventer  des  mesures réellement efficaces ou bien arrêter d’en mettre et laisser la faune accéder librement aux bassins  ?
Pour répondre à cette délicate question,  aux répercussions importantes tant sur le plan écologique (de  nouveaux  habitats  interconnectés  ou  des  puits  écologiques  trop  facilement  accessibles)  que financier pour les gestionnaires de voirie (installation et entretien des mesures), il faut s’intéresser à  la viabilité des populations présentes dans les bassins d’orage. Et si, après plusieurs décennies de diminution  de  la  population  routière,  les  bassins  d’orages  n’étaient  plus  si  pollués  que  ça ? Cela signifierait  qu’un  nombre  important  de  ces  bassins  pourrait  servir  d’habitat  à  une  faune  dont l’habitat  (zones  humides)  reste  aujourd’hui  encore  menacé.  Entre  indices  écologiques, malformations et traits d’histoires de vies,  tous les outils seront bons pour trancher  la question de la thèse :
Les bassins d’orage routiers sont-ils des sources ou des puits écologiques ?  
La  réponse  ne  sera  probablement  pas  simple  car  chaque  bassin  est  unique  dans  sa conception,  dans  le  paysage  adjacent  et  en  terme  de  composition  physico-chimique  de  l’eau. Il faudra  donc  quantifier  différents  paramètres,  dont  les  taux polluants  pour  pouvoir  établir  l’effet  de  chaque  paramètre.
Deux  taxons  sont  ciblés :  les  amphibiens  (notamment  le crapaud  vert,  Bufotes  viridis,  qui  servira  d’espèce  modèle pour les analyses les plus techniques)  et l’entomofaune des milieux humides.
Travail attendu.
Le travail de recherche est actuellement divisé en quatre parties :
  Caractérisation  de l’utilisation des bassins d’orage par les amphibiens et l’entomofaune sur  les  différents  réseaux  (RD,  RN,  autoroutes) :  reconnaissance  à  vue,  au  chant, captures. Beaucoup de terrain, surtout la nuit ;
  Analyse  des  caractéristiques  physiques, physiologiques  et  traits  d’histoire  de  vie  d’une communauté de crapauds verts au regard des différents paramètres  des bassins étudiés (dont taux de polluants) ;
  Comment  améliorer  les  bassins  en  tant  qu’habitats :  analyses  statistiques  en  fonction des données recueillies sur le terrain ;
  Comment  cloisonner  efficacement  les  bassins,  en  tant  que  puits  écologiques :  test  de mesures de cloisonnement en conditions contrôlées.
Il est attendu à ce que l’étudiant retenu participe à  l’élaboration des protocoles, en fonction de ses connaissances et de l’analyse bibliographique qu’il aura à fournir dès le début de la thèse. Il aura  également à charge l’intégralité des missions de la thèse :  gestion du matériel, du calendrier, logistique terrain, manips sur le terrain, au labo, management des stagiaires, analyses, rédaction…  Il devra aussi travailler de concert avec les gestionnaires de voirie afin d’élaborer des recommandations ayant un sens et qui puissent être mises en pratique.
Profil recherché
Une  large  partie  de  ce  doctorat  s’effectue  sur  le  terrain,  bottes  aux  pieds,  frontale  sur  la tête,  sandwich  dans  le  sac.  Nous  recherchons  donc  quelqu’un  de  fiable  sur  le  terrain,  aimant  la nature, peu dérangé par le travail de nuit et  autonome,  qui sait  se débrouiller en cas d’incident sur le terrain (piles mortes, voiture en panne, morsure par un narval des marais…). Le premier jour de terrain, le candidat devra être capable de reconnaitre l’herpetofaune à vue ou au chant, ainsi qu’être capable de classer l’entomofaune selon la méthode qui sera sélectionnée. Il est  difficile  d’imaginer  un  néophyte  naturaliste  apprendre  à  reconnaitre  les  amphibiens  ET l’entomofaune avant le  début du terrain. Il est  donc demandé à ce que le candidat retenu soit  à l’aise avec au moins l’un de ces taxons. Si  le  caractère  appliqué  de  ce  doctorat  peut  en  séduire  plus  d’un,  il  est  important  de  rappeler qu’une  thèse  reste  une  épreuve  académique  pendant  laquelle  il  est  attendu  une  production scientifique  sous forme d’articles scientifiques puis d’un mémoire de thèse. Le candidat devra donc être à l’aise dans la rédaction en anglais et être rigoureux dans son approche scientifique. Enfin,  des  compétences  en  statistiques  ne  sont  pas  particulièrement  recherchées  ( )  car  le candidat  recevra  une  formation  soignée  en  la  matière.  Cependant,  le  candidat  devra  avoir  un certain goût pour la matière car les statistiques font partie  de la vie d’un doctorant, au même titre que le terrain.