La migration et ses déterminants chez les oiseaux correspondent à une question importante qui se situe à la fois en écologie fondamentale (quelles sont les causes et les conséquences évolutives de la migration ?) et en biologie de la conservation (quels sont les habitats à protéger sur l’axe de migration des oiseaux ?). La plasticité de la migration observée dans certaines populations se traduit par la migration de certains individus et la sédentarisation d’autres oiseaux. Le sujet de thèse se propose de déterminer les facteurs influençant la prise de décision de migrer ou non pour des individus représentatifs de la population alsacienne (France) de cigognes blanches (Ciconia ciconia). Au sein de cette population, la relecture de bagues montre que certains individus migrent une année donnée et deviennent sédentaires l’année suivante sur leurs zones de reproduction. L’objectif principal de ce projet pluridisciplinaire est de caractériser la flexibilité comportementale sous-jacente à la prise de décision de migrer ou non pour un individu, en évaluant les facteurs impliqués (génétique ou phénotypique, écophysiologique ou comportemental) et de déterminer si la prise de décision représente une stratégie optimale en termes de traits d’histoire de vie selon les conditions environnementales.
Trois hypothèses seront testées dans ce projet: 1- l’hypothèse de réserves énergétiques qui propose que le comportement de migration des cigognes blanches dépend principalement de leurs réserves énergétiques au moment du départ de migration des zones de reproduction; 2- l’hypothèse sociale propose que le comportement de migration des individus peut aussi dicter le comportement migratoire des regroupements de cigognes observées à la fin de la période de reproduction, ce grand nombre d’individus pouvant influencer les individus à migrer même si ces derniers ont de bonnes réserves énergétiques ; 3- l’hypothèse du patrimoine génétique suggère que le comportement de migration ou de sédentarisation serait seulement lié à une
composante génétique. Cette dernière hypothèse se base sur le fait que certains individus ne présentent pas de modifications de leur comportement migratoire au cours des années. Le doctorant testera ainsi les relations pouvant exister entre les différents traits d’histoire de vie et les décisions de comportement entre les oiseaux migrateurs et sédentaires sur une bonne partie de la population de cigognes blanches en Alsace (multi-state CMR models). Plus précisément, il participera tout d’abord à la capture et à l’équipement des cigognes blanches. Il aura ensuite la responsabilité de collecter les données sur le terrain (prises de focales pour déterminer l’influence du groupe sur la prise de décision individuelle, suivi de la reproduction des oiseaux), d’utiliser différentes techniques en laboratoire (eau doublement marquée pour évaluer la composition corporelle, technique de sexage) et exploiter les données enregistrées par les loggers pour évaluer les déplacements des oiseaux ainsi que de déterminer leur budget-temps (système d’exploitation de données comme Igor, système d’information géographique, modélisation).
Compétences souhaitées : Connaissances en écologie fonctionnelle et évolutive, bases en physiologie, bonne maîtrise des statistiques
Expertises qui seront acquises au cours de la formation : Approfondissement des connaissances : stratégies énergétiques (eau doublement marquée, qPCR), écologie comportementale, génétique (sexage et hétérozygotie), système d'information géographique, exploitation de données de loggers, modélisation multi-state
Pour plus d'info, cliquez ici