mardi 19 avril 2016

Quand les odeurs faconnent le développement social du jeune enfant, Equipe Ethologie Développementale et Psychologie Cognitive, Centre des Sciences du Gout et de l’Alimentation de Dijon, date limite: 19 mai 2016

Un financement de thèse est ouvert au concours dans l’équipe « Ethologie développementale et Psychologie cognitive » du Centre des Sciences du Gout et de l’Alimentation de Dijon (Université de Bourgogne Franche-Comté, UMR 6265 CNRS, UMR 1324 INRA). Ce sujet s’adresse aux étudiants ayant obtenu un master de Psychologie, d’Ethologie, ou de Neuroscience. Une expérience de l’étude du très jeune enfant (moins d’un an) et/ou en enregistrement EEG est souhaitable, mais non nécessaire. Pour plus de détails, se référer au site de l’école doctorale http://www.ecoledoctoralee2s.com/concours-allocations-de-recherche-2016--appel-a-candidature.html.

Il est recommandé aux candidats de prendre contact avec Jean-Yves Baudouin (Jean-Yves.Baudouin [ chez ] u-bourgogne.fr) et Arnaud Leleu (Arnaud.Leleu [ chez ] u-bourgogne.fr) avant le dépôt des candidatures auprès de l’école doctorale (date limite : le 19 mai).

Ecole doctorale Environnements-Santé
Dossier de projet de thèse « Contrat doctoral des Universités »
ANNEE 2016
TITRE DU PROJET : … Quand les odeurs façonnent le développement social du jeune enfant :
corrélats cérébraux en électroencéphalographie (EEG) de la modulation olfactive de la perception des visages

Directeur de thèse HDR :
Nom : Baudouin Jean-Yves
Coordonnées : Centre des Sciences du Goût et de l’Alimentation, 9E Bd Jeanne d’Arc, 21000 Dijon –
jean-yves.baudouin [ chez ] u-bourgogne.fr – 03 80 68 16 67
Unité d’appartenance : Centre des Sciences du Goût et de l’Alimentation – UMR 6265 CNRS – UMR 1324 INRA – Directeur : Luc Pénicaud
Equipe d’appartenance : Éthologie développementale et psychologie cognitive – Responsable : Benoist Schaal

Co-encadrant
Nom : Leleu Arnaud
Coordonnées: Centre des Sciences du Goût et de l’Alimentation, 9E Bd Jeanne d’Arc, 21000 Dijon –
arnaud.leleu [ chez ] u-bourgogne.fr – 03 80 68 16 87
Unité d’appartenance : Centre des Sciences du Goût et de l’Alimentation – UMR 6265 CNRS – UMR 1324 INRA – Directeur : Luc Pénicaud
Equipe d’appartenance : Éthologie développementale et psychologie cognitive – Responsable : Benoist Schaal

Nom et label de l’unité de recherche Centre des Sciences du Goût et de l’Alimentation.
Équipe « Éthologie développementale et psychologie cognitive »

Localisation : Centre des Sciences du Goût et de l’Alimentation, 9E bd Jeanne d’Arc, 21000 Dijon

Adresse courriel du contact scientifique : jean-yves.baudouin [ chez ] u-bourgogne.fr


Description du projet

Le contexte olfactif dans lequel évolue le très jeune enfant dès sa vie utérine constitue le socle de son
développement cognitif, social et émotionnel. À la naissance, les apprentissages olfactifs et gustatifs
prénatals orientent ses préférences (Soussignan et al., 1997). Les odeurs corporelles émises par la
mère jouent un rôle clé dans les premiers apprentissages adaptatifs du nouveau-né (Schaal
Durand, 2012). Elles ont un pouvoir éveillant (Doucet et al., 2007), orientent l’attention vers la source
odorante, et participent au bien-être du nouveau-né. L’influence de l’odeur corporelle s’observe au-delà
de la période néonatale, puisqu’elle oriente l’attention visuelle du jeune enfant de 4 mois vers des
objets sociaux (visages) plutôt que non sociaux, et plus particulièrement vers les yeux (Durand et al., 2013).
Le projet de thèse consistera à poursuivre l’étude de l’influence de l’olfaction sur le
développement social du jeune enfant. L’objectif est, d’une part, (1) de délimiter le pouvoir
régulateur de l’odeur sur le développement des capacités de perception des visages (par
exemple, orientation préférentielle vers le stimulus « visage » ; catégorisation des visages selon le
genre) durant la première année de vie. D’autre part, il s’agira (2) de préciser les propriétés de
l’odeur qui façonnent activement ces apprentissages visuels. En outre, (3) l’intégration olfactovisuelle
sera évaluée chez le jeune enfant présentant un syndrome génétique (microdélétion
22q11.2). Afin de caractériser ces mécanismes d’intégration de façon claire et objective, l’activité
perceptive sera mesurée à travers ses corrélats neurophysiologiques en électroencéphalographie (EEG),
méthode que nous avons développée avec succès chez le sujet adulte pour révéler les interactions entre
contexte olfactif et perception visuelle (Leleu et al., 2015).

1. La perception des visages est une activité clé de la cognition sociale humaine. Elle met en
œuvre des mécanismes fins qui se développent dès les premiers mois de vie (Gallay et al., 2006).
Tandis que le regard du jeune enfant est d’abord attiré par la saillance physique (contraste) de son
environnement visuel, il l’est peu à peu par la saillance sociale des objets qui s‘y trouvent, notamment
les visages (Frank et al., 2009). Dès 4-6 mois, des réponses cérébrales spécifiques aux visages
peuvent être identifiées en EEG (De Heering Rossion, 2015). En outre, l’expérience de l’enfant
influence son activité visuelle, celui-ci s’orientant préférentiellement vers les visages féminins lorsque
ce sont des femmes qui prodiguent les soins (Quinn et al., 2002). Mais cette expérience quotidienne
avec ses congénères est avant tout multisensorielle. Du fait de la maturité fonctionnelle précoce du
système olfactif, les odeurs sont en mesure de façonner les apprentissages dans les autres modalités
sensorielles. Ainsi, l’hypothèse principale de ce projet est que la perception des visages et, d’une
manière générale, le développement de la cognition sociale sont facilités par la cohérence entre
indices visuels et olfactifs durant la première année de vie. Dans un premier temps, les travaux seront
menés auprès d’enfants de 4 mois, âge auquel une intégration olfacto-visuelle « sociale » a été
identifiée au niveau comportemental (Durand et al., 2013). Il s’agira d’isoler une signature cérébrale
de cette intégration précoce. Dans un second temps, une trajectoire développementale sera délimitée
en évaluant des enfants plus jeunes (2 mois) et/ou plus âgés (7 mois) selon les résultats obtenus.

2. La question des propriétés actives de l’odeur corporelle sera également soulevée. Les
travaux précédents (Durand et al., 2013) ont montré que l’odeur corporelle influence les
comportements d’orientation du jeune enfant dans son environnement visuel. Cette influence n’est
pas seulement quantitative (en termes d’éveil), mais oriente le regard vers un stimulus social
congruent (le visage) et une information socialement pertinente au sein de ce stimulus (les yeux).
Plusieurs propriétés de l’odeur peuvent expliquer ce phénomène : les caractéristiques alimentaires
(odeur de lait, connue pour activer les nouveau-nés), mais également les caractéristiques identitaires
individuelles (odeur de la mère apprise au cours du développement précoce) ou biologiques (odeur
féminine, odeur humaine). En manipulant le type d’odeurs associé aux visages, le projet vise à
préciser les propriétés olfactives qui façonnent la perception des visages chez le jeune enfant. Par
ailleurs, ces données seront affinées en fonction de l’expérience sociale quotidienne des enfants
(prévalence d’un sexe dans les soins, nourrissage au lait humain ou formule lactée artificielle).

3. La microdélétion 22q11.2 est un syndrome génétique qui engendre des difficultés
d’adaptation très précoces. Ce développement social atypique et handicapant nécessite de mieux
comprendre les troubles de la cognition sociale dont souffrent les jeunes patients. En particulier, bien
que la fragilité des mécanismes de perception des visages soit clairement établie chez ces enfants
(Leleu et al., 2016), elle n’est étudiée que dans le cadre visuel. Pourtant, la question du rôle de
l’olfaction et de son intégration apparaît pertinente pour mieux comprendre leurs difficultés et proposer
au plus tôt des stratégies de remédiation adaptées. À notre connaissance, le poids des informations
olfactives dans les déficits observés n’a jamais été évalué et l’éventuelle intégrité fonctionnelle de
l’olfaction n’a jamais été considérée comme piste thérapeutique. Des données préliminaires obtenues
auprès d’adolescents atteints de microdélétion 22q11.2 montrent pourtant qu’un contexte olfactif
émotionnel peut faciliter la perception d’une expression faciale congruente.


Bibliographie

De Heering, Rossion (2015). eLife, 4, e06564.
Doucet, Soussignan, Sagot, Schaal (2007) Developmental Psychobiology, 49, 129-138.
Durand, Baudouin, Lewkowicz, Goubet, Schaal (2013) Plos One, 8 (8), e70677.
Frank, Vul, Johnson (2009) Cognition, 110, 160-170.
Gallay, Baudouin, Durand, Lemoine, Lécuyer (2006) Child Development , 77, 984-996.
Leleu, Godard, Dollion, Durand, Schaal, Baudouin (2015) Neuropsychologia, 77, 366-379.
Leleu, Saucourt, Rigard, Chesnoy, Baudouin, Rossi, Edery, Franck, Demily (2016) European Child and Adolescent Psychiatry, 25, 297-310.
Quinn, Yahr, Kuhn, Slater, Pascalis (2002) Perception, 31, 1109-1121
Schaal, Durand (2012) In Brenner, Lewkowiscz, Spence (Eds), Multisensory Development. Oxford Univ. Press.
Soussignan, Schaal, Marlier, Jiang (1997) Physiology Behavior, 62(4), 745-758.


Connaissances et compétences requises

Formation initiale en psychologie ou en biologie du comportement. Expérience souhaitée en électroencéphalographie et/ou étude du très jeune enfant et/ou étude de patients, si possible pédiatriques.